De bon matin, le samedi 19 septembre, nous nous retrouvons au parking de la Maison Gaillard, sur le plateau d’Alluets-le-Roi, où nous sommes accueillis par Jean-Marc Gaillard. Ont répondu présents une cinquantaine d’AMAPiens de l’ouest de Paris. Les trois quarts de la production du domaine servent à alimenter les AMAPs, ce qui offre aux frères Gaillard une sécurité financière et leur permet de se concentrer sur la production.
Jean-Marc nous guide jusqu’à un premier verger, en haut d’un coteau. C’est un paysage magnifique ! Il nous explique que les butes sont formées de cailloux et de meulière, et les creux, de sédimentation, de limon. Ce type de sol nécessite une irrigation, qui devient de plus en plus nécessaire au vu de l’évolution climatique. L’installation est prévue pour les prochaines années. Jean-Marc espère qu’il va pleuvoir car l’eau n’est pas retenue dans le sol.
Les jeunes pommiers ont été plantés en 2019. Trois variétés rustiques, adaptées à la bio, ont été choisies : Braeburn, Mairac, Initial. Ces pommiers donneront en 2023 / 2024. Un verger atteint l’âge adulte à 8 ans. Un verger d’un hectare comporte environ 1 200 arbres.
Nous nous dirigeons ensuite vers les figuiers, qui sont malheureusement attaqués par la mouche drosophile suzukii qui pond dans les fruits. Nous avons la chance de pouvoir gouter les figues ; elles sont délicieuses ! Il faut juste prendre la précaution de l’ouvrir avant de la manger, pour vérifier qu’elle ne contient pas de larves.
Un peu plus loin se trouvent des plantations de kiwis. Tout d’abord, un petit verger de tout jeunes kiwis gold puis plus loin un verger de kiwis plus classiques (actinidias), malheureusement malades à cause d’une bactérie (PSA).
Jean-Marc nous mène vers un verger de pruniers où se trouvent plusieurs variétés de prunes, notamment des mirabelles et des quetsches. Un arbre travaille sur 2 ans : il prépare déjà les bourgeons pour l’année prochaine. Jean-Marc nous explique qu’une taille est parfois nécessaire dès la floraison pour éviter qu’il n’y ait trop de fruits et pour permettre à l’arbre de produire de meilleurs fruits. Il faut néanmoins faire attention à ne pas trop tailler, et bien surveiller les anthonomes, qui se mettent dans le bourgeon et se nourrissent des organes mâles et femelles au moment de l’éclosion. Les pruniers sont couverts de cochenilles, des parasites qu’il faut éliminer à l’aide d’une bouillie composée d’un mélange de soufre et de chaux vive. C’est le seul traitement autorisé en agriculture biologique. Les quantités appliquées sont homéopathiques, bien en-deçà des limites règlementaires.
Nous reprenons la voiture et roulons jusqu’à « La Bergerie », où se trouvent des vergers de pommiers. On y trouve de nombreuses variétés : Golden, Jonagored, Boskoop, Goldrush, Reine des reinettes (variété difficile à produire), Braeburn (variété plus tardive qui se récolte autour du 15 octobre), Canada, Patte de loup (doit son nom à une « cicatrice » qui peut apparaitre autour du fruit, comme si un loup l’avait griffée).
Certains vergers adultes ont été plantés en 2014, notamment les Golden que nous avons le plaisir de gouter : les pommes sont croquantes, juteuses… Quel plaisir de les déguster tout juste cueillies de l’arbre ! Jean-Marc nous apprend que lorsqu’une pomme se décolle toute seule, c’est qu’elle est prête à cueillir. C’est le moment de la récolte et les saisonniers sont en plein travail ! La récolte est d’environ de 30 tonnes par hectare.
Nous observons au pied des arbres des trous dans la terre. Ce sont des campagnols qui les ont creusés et qui s’attaquent aux racines des arbres. En bio, il n’existe pas de solution miracle pour s’en débarrasser. On peut néanmoins travailler la terre autour des arbres pour limiter les dégâts car les campagnols n’aiment pas que l’air et la lumière s’infiltrent dans leur galerie.
Un badigeon a été appliqué sur le bas du tronc de certains arbres pour lutter contre le chancre et repousser les lapins.
Des nichoirs à mésanges ont été installés afin d’attirer les prédateurs des insectes mais ils n’ont pas encore été habités pour l’instant.
Tout autour de la parcelle, on trouve des abreuvoirs pour les oiseaux, pour éviter que ceux-ci ne s’hydratent en picorant les fruits des vergers, l’eau se faisant rare à cause de la sècheresse.
Nous reprenons la route pour la découverte d’un dernier verger, de poires cette fois. On y trouve 3 variétés : Conférence, Williams, Beurré Hardy. Elles ont été plantées à la main fin mars 2020, avec l’aide de quelques AMAPiens de Poissy. Cette parcelle n’a jamais reçu de verger, ce qui est un point positif car la terre y est plus riche. La terre sera travaillée sur 3 ans pour aider les racines à se développer et pour limiter les campagnols. Elle se compose de limon argileux. Les poiriers ont été butés, ce qui permet un réchauffement de la terre et une plus rapide minéralisation de l’azote. Les frères Gaillard espèrent une récolte de 15 tonnes par hectare. En période de sècheresse, les poiriers sont arrosés deux fois par semaine, à raison de 5 à 10 litres d’eau par poirier.
Un AMAPien pose la question du contrôle de l’exploitation. Jean-Marc lui répond qu’ils sont contrôlés une fois par an et qu’il peut y avoir en plus des contrôles inopinés.
C’est la fin de la visite. Nous remercions notre guide. Certains AMAPiens prennent la route du retour, d’autres font un passage à la boutique. Celle-ci est très bien achalandée : on y trouve bien-sûr les produits de la Maison Gaillard (des pommes, des poires, du jus de pomme, du jus de poire, de la gelée de pomme) ainsi que d’autres produits (légumes, pains, yaourts, glaces, bières locales…).
Nous avons la chance d’y retrouver Jean-Marc, qui nous fait découvrir la salle de calibrage, dans laquelle on trouve une immense machine qui photographie les fruits et les trie selon leur taille. Cela permet d’équilibrer les paniers. Nous découvrons ensuite le frigo qui permet la conservation des pommes et dont la température est de 2°C. Les pommes y sont conservées par variété. Une délicieuse odeur s’en dégage !
Un peu plus loin, le frigo pour les poires Conférence et Comice. Celui-ci est à 0°C. On ne mélange pas les pommes et les poires dans les frigos car les pommes dégagent de l’éthylène, qui ferait murir les poires.
Un dernier arrêt avant de reprendre la route : les machines. Jean-Marc nous montre les trois machines qu’ils utilisent le plus :
- un outil de désherbage qui s’accroche derrière un tracteur
- un mulcheur, qui permet de coucher l’herbe au lieu de la couper
- un outil pour pulvériser l’argile
Merci à Jean-Marc de nous avoir fait découvrir son domaine avec autant de passion ! Cette matinée a été riche en échanges et a permis aux AMAPiens de comprendre les problématiques liées à la culture bio, de découvrir l’environnement dans lequel sont produits les fruits qu’ils dégustent, de prendre conscience des stratégies et techniques mises en place par notre producteur pour pérenniser la production.
Nous attendons maintenant avec impatience la première distribution de pommes et poires de l’année !
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